sait à pleine bouche avec volupté ; si bien que j’étais
couverte de baisers partout. Je ne faisais plus aucune
résistance, je ne courais plus aucun risque ; je laissai
ma main au prince, lequel ne perdait pas une
seconde ni un geste, tout en jouant avec la belle
chevelure de notre commune amie. Il m’apprenait
à la caresser, à la flatter de la main. Notre
groupe était compliqué, mais excessivement aimable ;
il faisait noir, et je regrettais beaucoup de ne pouvoir
le voir, car il faut aussi jouir de ces choses avec les
yeux ! Roudolphine tremblait ; les baisers qu’elle me
donnait et les caresses du prince l’excitaient au
suprême degré, elle se pâmait comme si elle allait
s’évanouir. L’excitation du prince augmentait et, à
défaut de mon abandon complet, celui de Roudolphine
et ma propre complaisance, poussée aussi loin qu’il
n’y avait pas de danger, lui procurèrent la volupté.
Roudolphine me baisait avec toujours plus de passion :
nous gravîmes tous les trois le plus haut
degré de la jouissance. C’était enivrant, si fort et si
épuisant que nous fûmes un grand quart d’heure
avant de nous remettre. Nous avions trop chaud par
cette nuit d’été, nous ne pouvions plus supporter les
couvertures et nous étions étendus, aussi éloignés que
possible. Après cette chaude action, le froid raisonnement
reprit à nouveau. Le prince parlait avec sang-froid
de cet étrange rendez-vous préparé par le
hasard, comme s’il avait organisé une partie à la
campagne. Se basant sur ce que Roudolphine lui
avait raconté, il ne se donnait même plus la peine de
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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS