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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/141

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


et elle ne devait pas croire que je permettrais jamais au prince ce qu’elle lui accordait si facilement. Elle était mariée, elle pouvait être enceinte, mais moi, artiste, observée par mille yeux, je ne l’osais pas, cela me rendrait malheureuse !

Comme je m’y attendais, elle me parla alors des mesures de sûreté. Elle me raconta qu’elle avait fait la connaissance du prince à une époque où elle ne fréquentait pas son mari, par suite de dispute, et quand, par conséquent, elle n’osait pas être enceinte. Le prince avait alors apaisé toutes ses craintes en employant des condoms, et je pouvais aussi les essayer. Et elle me dit encore que, par la suite, elle s’était convaincue que le prince avait beaucoup de sang-froid et restait toujours maître de ses sentiments. D’ailleurs, il savait épargner d’une autre façon encore l’honneur des dames, — si j’étais bien aimable, je l’apprendrais bientôt. Bref, elle tâcha de me persuader de toutes façons de m’abandonner complètement au prince, pour goûter les heures les plus gaies et les plus heureuses. Je lui fis comprendre que ses explications et ses promesses ne me laissaient pas entièrement froide, mais que je conservais encore bien des craintes.

Vers midi, le prince rendit visite à Roudolphine, une visite de convenance qui s’adressait aussi à moi ; mais je me dis indisposée et ne parus point. Ainsi ils pouvaient convenir sans crainte des mesures à prendre pour vaincre ma résistance et m’initier à leurs jeux secrets. Comme je ne voulais plus coucher avec Rou-