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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/142

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


dolphine, ils devaient s’entendre pour me surprendre dans ma chambre à coucher, et cela aussi vite que possible, pour ne pas me laisser le temps de me repentir et de retourner peut-être en ville. J’avais pensé juste.

Durant l’après-midi et le soir, Roudolphine ne me parla plus de la nuit passée. Elle m’accompagna à ma chambre à coucher, renvoya la femme de chambre. Quand je me fus couchée, elle alla fermer elle-même l’antichambre. Personne ne pouvait plus venir nous déranger. Elle s’assit sur mon lit et reprit de plus belle ses arguments pour tâcher de me convaincre ; elle me décrivit tout avec beauté et séduction et m’assura qu’il n’y avait rien à craindre. Naturellement, je faisais semblant d’ignorer que le prince était dans sa chambre et qu’il nous écoutait peut-être derrière la porte. Je devais donc être prudente et ne céder que peu à peu.

— Mais qui me garantit que le prince emploiera le domino que tu me décris ?

— Moi. Crois-tu que je lui permettrais autre chose que ce que je lui permettais moi-même les premiers temps ? Je garantis qu’il n’apparaîtra pas sans domino à ce bal !

— Mais cela doit faire terriblement mal ! C’est un homme d’une vigueur exceptionnelle et d’une violence dangereuse.

— Au premier moment, tu souffriras sans doute un peu ; mais il est des calmants préventifs dont on usera à ton égard, autant qu’il sera utile pour t’éviter de grandes douleurs.