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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/143

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS

— Et tu es bien sûre que je ne cours aucun danger de complications ultérieures, qui gâteraient à jamais ma vie ?

— Voyons, est-ce que je me serais abandonnée sans cela ? Alors, je risquais tout, car je n’avais plus aucune relation avec mon mari. Lorsque je me fus réconciliée avec lui, je permis tout au prince. Mais maintenant je m’arrange pour que mon mari me rende visite chaque fois que le prince a été chez moi, et cela au moins une fois tous les huit jours ; ainsi, je n’ai plus rien à craindre.

— Cette pensée m’épouvante. Puis, il y a encore la honte de se donner à un homme. Je ne sais pas ce que je dois faire. Tout ce que tu me dis me charme, mes sens me commandent de céder à ton conseil. Je ne voudrais pour rien au monde supporter encore une nuit comme la dernière, car alors je ne pourrais plus résister. Tu as raison, le prince est aussi galant que beau. Tu ne connaîtras jamais tous les sentiments qui s’éveillèrent en moi quand j’entendis que vous étiez heureux, là, à mon côté !

— Moi aussi j’avais un double plaisir en te faisant partager, quoique bien imparfaitement, ce que je ressentais moi-même au suprême degré. Je n’aurais jamais cru qu’une jouissance à trois pût être aussi violente que celle que j’ai goûtée moi-même hier au soir ! Je l’avais lu dans les livres, mais je pensais toujours que c’était exagéré. Odieuse m’est la pensée d’une femme se partageant entre deux hommes, mais je vois bien que l’accord est charmant entre deux femmes et