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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/187

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS

« L’équipage du baron O… est en bas, me répondit le serviteur. Il le tient à votre disposition. »

Ceci était galant. Je n’avais pas encore vu le baron, j’avais oublié de lui envoyer ma carte. Je décidai de la lui remettre aussitôt. Nous y allâmes : le baron n’était pas à la maison. Nous poussâmes notre promenade jusqu’à Ofen. Puis nous revînmes sur nos pas, dans la petite forêt de la ville, une espèce de parc de fort mauvais goût, où il y avait un petit lac et des barques. Je demandai à Arpard si nous étions bien éloignés de « l’Hôtel de la Reine d’Angleterre ». Il me répondit qu’il y avait une petite heure de chemin.

— Je vais renvoyer la voiture et nous nous promènerons ici ; ne serez-vous pas trop fatiguée ? me demanda-t-il.

— Même si cela doit durer jusqu’à demain matin, je ne serai point fatiguée.

Il sourit, en pensant à une autre fatigue.

Les Pesthois ne visitent ce parc que durant le jour ; dès que le soleil disparaît, ils rentrent tous en ville. Je n’y voulais pas retourner, car Budapest est la ville la plus poussiéreuse qui soit. Toute la campagne environnante n’est qu’un immense désert de sable ; chaque coup de vent y soulève des nuages de poussière, comme en Afrique. J’étais heureuse d’être à l’abri, de me promener dans l’herbe. Nous allions dans des îles en passant des ponts suspendus. Je me pendais au bras d’Arpard. Il me mena dans un restaurant encore ouvert. Je demandai jusqu’à quelle