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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/23

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


ment développé, jusqu’au signe essentiel de la femme : la fleur périodique. Le jour de l’anniversaire de mon père approchait. Ma mère fit tous les préparatifs avec amour. De bon matin j’étais déjà habillée de fête, car mon père aimait les belles toilettes. J’avais écrit une poésie, vous connaissez mon petit talent poétique (entre nous soit dit, le pasteur devait la corriger, j’avais ainsi un prétexte pour aller chez lui) ; j’avais cueilli un gros bouquet.

Mes parents ne faisaient pas chambre commune. Mon père travaillait souvent tard dans la nuit et ne voulait pas déranger ma mère ; c’est du moins ce qu’il disait.

Plus tard, je reconnus, là encore, un signe évident de leur sage manière de vivre. Les époux devraient éviter, autant que possible, le sans-gêne du laisser-aller journalier. Tous les soins que nécessitent le lever ou le coucher, le négligé et la toilette de nuit sont souvent fort ridicules, ils détruisent bien des charmes et la vie commune perd de son attrait. Mon père ne couchait donc point dans la chambre de ma mère. Il se levait d’habitude à sept heures. Au jour de l’anniversaire, ma mère se leva à six heures du matin, afin de préparer les cadeaux et de couronner le portrait de mon père. Vers les sept heures, elle se plaignit d’être fatiguée et dit qu’elle allait se recoucher pour un instant, jusqu’au réveil de mon père.

Dieu sait d’où me vint cette idée, mais je pensai qu’il serait très gentil de surprendre mon papa dans la chambre de ma mère et de lui présenter là mes