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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/24

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


bons vœux. Je l’avais entendu tousser dans sa chambre. Il s’était donc déjà levé et allait bientôt venir. Pendant que ma mère donnait les derniers ordres à la servante, je me faufilai dans sa chambre à coucher et je me cachai derrière la porte vitrée d’une alcôve qui nous servait de garde-robe. Fière et heureuse de mon plan, je me tenais sans souffle derrière la porte vitrée, quand ma mère entra. Elle se déshabilla rapidement jusqu’à la chemise et se lava soigneusement. Je voyais pour la première fois le beau corps de ma mère. Elle inclina un grand miroir qui était au pied du lit près du lavabo et se coucha les yeux fixés sur la porte. Je compris alors l’indélicatesse que j’avais commise ; j’aurais voulu me sauver de l’alcôve. Un pressentiment me disait qu’il allait se passer devant mes yeux des choses qu’une jeune fille n’ose pas voir. Je retenais mon souffle et tremblais de tous mes membres. Tout à coup, la porte s’ouvrit, mon père entra, vêtu, ainsi que tous les matins, d’une élégante robe de chambre. À peine la porte eut-elle bougé que ma mère ferma immédiatement les yeux et fit semblant de dormir. Mon père s’approcha du lit et contempla ma mère endormie avec l’expression du plus grand amour. Puis il alla pousser le verrou. Je tremblais de plus en plus, j’aurais voulu disparaître sous terre. Mon père enleva lentement ses caleçons. Il était maintenant en chemise sous sa robe. Il s’approcha du lit et releva avec précaution la légère couverture. Je le sais bien maintenant, ce n’est pas par hasard, ainsi que je le croyais naïvement alors, que ma mère