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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/265

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


et exigez-vous quelque chose de semblable de la femme ? Mais vous ne risquez rien si vous recevez une réponse défavorable, puisque vous pouvez la mettre sur le compte de votre âge. Tandis qu’une femme se sent fort humiliée si vous jouez auprès d’elle le rôle du chaste Joseph. Trop de timidité et de modestie ne vont pas à un homme.

— Mais il lui sied encore moins de faire dire de soi qu’il est un vieux faune.

— Vous êtes encore bel homme et vous possédez des qualités, qui font oublier vos ans. Voyons, si, méprisant les préjugés de mon sexe, je vous disais que vous pouvez tout oser, tout espérer de moi, tout exiger, ne vous décideriez-vous pas à accepter ces faveurs inespérées ?

— Ceci est impossible. Vous ne le ferez jamais.

— En tout cas, vous pouvez me dire si vous me refuseriez oui ou non ?

— Je serais fou de refuser ; j’accepterais, dit sir Ethelred.

— Mais vous me mépriseriez au fond du cœur, comme une hétaïre ou une Messaline ?

— Pas du tout. Le goût et les caprices d’une femme sont innombrables. Je vous aimerais et cet amour me rendrait le plus heureux des mortels.

Il était en pleine contradiction avec ce qu’il venait d’affirmer. Je m’étais approchée de lui, je mis ma main sur son bras et le regardai avec tant de douceur qu’il aurait dû être de pierre pour résister. Je déteste la coquetterie tant qu’elle n’est pas une arme de con-