Aller au contenu

Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


263
MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


quête ou de vengeance. Sir Ethelred avait toujours été mon ami, je n’avais aucune raison de me venger. Je ne veux pas dire non plus que je l’aimais ; mais il était possible que des relations plus intimes réveillassent ce sentiment. Je le poussai tant qu’il oublia tous ses principes, tomba à mes pieds, embrassa mes genoux et mes pieds, et devint plus entreprenant. Je n’opposais aucune résistance, je le laissais faire.

Il me serra ensuite dans ses bras.

— Doutez-vous encore ? lui dis-je tendrement.

— Je crois rêver. Je n’osais espérer un tel bonheur. Je ne le comprends pas encore. Je suis votre esclave, je ne vous refuserai rien.

Puis tout se passa d’abord le mieux du monde, ensuite sa façon de se comporter m’épouvanta. J’ai entendu dire que certaines personnes étaient frappées d’une attaque dans une telle situation ; cela arrive plus souvent aux hommes qu’aux femmes. Cela doit être terrible de serrer un cadavre dans ses bras.

Sir Ethelred semblait avoir deviné mes pensées. Descendus au jardin, nous causâmes sur ce sujet.

— Mon Dieu, ne savez-vous donc pas à quelles aberrations une passion excessive mène ? Il y a eu beaucoup de cas où des hommes ont violé des cadavres. La loi ne sévirait pas, si cela n’existait pas. Je ne sais pas si cela arrivait jadis plus souvent qu’aujourd’hui ; aujourd’hui, cela se passe encore. Durant les guerres de Napoléon, cette passion eut même de sérieuses suites pour la victime. Peu de jours avant la bataille d’Iéna, un officier fut logé chez un pas-