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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


accuser que de viol, sa condamnation fut petite en comparaison de l’immensité de son crime. Le coiffeur était un ancien valet de chambre du duc, tout le monde était convaincu de sa complicité.

J’appris par hasard à connaître une demi-mondaine. C’était la maîtresse du prince russe D…, une femme d’une rare beauté et très bien conservée pour son âge. Elle avait au moins trente-trois ans ; je lui en aurais» peine donné vingt-cinq. Son amant dépensait des sommes folles pour elle. Il me fit un brin de cour, je n’aurais eu qu’un mot à dire pour le capter. Je lui dis rondement qu’il devait laisser toute espérance. Grâce à la largesse de mon ami défunt, je possédais une respectable fortune. Le Russe me déplaisait, il était très laid, avait passé la cinquantaine, il portait une perruque et se teignait la moustache. J’ai toujours méprisé les hommes qui tâchent de cacher leur âge. Sir Ethelred avait les cheveux gris, mais il aurait eu honte de porter une perruque.

À Paris, j’eus encore meilleure opinion des Hongroises. J’en rencontrai quatre, Mathilde de M…, une fille naturelle du prince O…, vendue par sa mère à un riche cavalier. Elle s’émancipa et se maria avec un riche banquier parisien. Sarolta de B…, ma collègue du Théâtre Lyrique, qui devint mon amie intime. Nous nous décidâmes à aller ensemble à Londres et à nous engager au théâtre du Covent-Garden. Sarolta n’était pas ma rivale, elle ne jouait que dans les opéras lyriques. Elle était charmante et encore très naïve. Elle jouait avec les hommes sans rien leur