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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/68

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


baudruche qui semblait avoir été employée. Quand la baronne se fut un peu calmée, elle cacha immédiatement cette chose dans son mouchoir. Le feu fut maîtrisé et cet incident n’amena pas de changement dans leurs relations. Au matin, avant de quitter Genève, Marguerite apprit des domestiques de l’hôtel qu’un jeune comte russe habitait la chambre contiguë à celle de la baronne. Les chambres se trouvaient justement à un coude du corridor, si bien que le comte pouvait entrer et sortir sans passer devant l’appartement de la baronne, en employant l’escalier de l’autre aile de l’hôtel. Marguerite comprenait tout. La baronne devait avoir des relations avec ce jeune comte russe. Mais cela l’offensait qu’elle le lui eût caché. Sur la route de Morges, la baronne jeta son mouchoir dans un endroit désert. De retour à Morges, la vie reprit son train-train coutumier. La baronne ne savait si elle devait tout avouer à Marguerite. Elle remarquait bien que celle-ci savait tout. Lors du prochain voyage à Genève, Marguerite passa tous ses moments de liberté dans le corridor. Elle y rencontra plusieurs fois le comte russe, jeune, beau et élégant. À la deuxième rencontre il se détourna, à la troisième il l’accosta. Quand il apprit qu’elle était la femme de chambre d’une dame habitant l’hôtel — Marguerite ne lui dit pas le nom de sa maîtresse — il ne fit pas tant de difficultés et lui demanda de le suivre dans sa chambre. Sans autre désir que celui de la curiosité, — c’est du moins ce qu’elle m’affirma à différentes reprises — elle le suivit. Personne n’était dans le cor-

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