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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/89

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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


Personne ne peut transgresser impunément les lois qui lui sont imposées ; et cette contrainte que les lois morales d’un pays exercent également sur tous rehausse les plaisirs de la volupté en la faisant secrète.

Mes parents observaient exemplairement les formes extérieures des lois nécessaires ; par cela, ils étaient doublement heureux aux heures du plaisir. Si je ne l’avais pas vu moi-même, je ne l’aurais jamais cru. J’ai donc raison de ne pas croire à l’extérieur et de ne pas me fier à l’apparence. Mais un œil de feu, la coquetterie et la conduite soi-disant légère de certaines femmes sont tout aussi trompeurs. Je sais par expérience que les femmes qui semblent beaucoup promettre sont justement les plus froides et les plus insensibles, — même quand elles tiennent promesse. « Eaux tranquilles, eaux profondes. » La justesse de ce proverbe se montre avec le plus d’évidence au caractère de la femme. Oui, nous sommes capables de feindre même au moment de l’évanouissement. J’ai vu cela non seulement chez mon excellente mère, mais aussi chez d’autres et chez moi-même. Il est très pénible à la femme d’avouer qu’elle jouit. Nous donnons du plaisir et laissons voir que cela nous rend heureuses ; mais quelque chose d’inexplicable nous défend d’avouer ou de laisser voir jusqu’à quel degré nous jouissons nous-mêmes. Je crois qu’il n’y a pas d’autre raison à cela que le sentiment bien vague de ne pas accorder à l’homme, même à l’homme aimé, d’autres droits que ceux qu’il a déjà sur nous et de ne pas trop augmenter sa puissance. De nature,