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Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/90

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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


l’homme doit combattre, vaincre, surmonter les difficultés, atteindre toujours plus haut et toujours mieux. L’assouvissement complet rend l’homme indifférent, paresseux, calme, et cela serait un assouvissement complet pour lui si la femme exprimait ses sentiments et témoignait extérieurement de sa jouissance ; Il faut que l’homme ait toujours quelque chose à combattre, à gagner ; il faut que la femme ait encore, toujours, quelque chose à accorder, même quand elle a déjà accordé ses suprêmes faveurs. Et quand la victoire corporelle est déjà gagnée, il faut qu’une victoire spirituelle reste à gagner. Ceci n’est pas un simple calcul de notre part, c’est l’instinct. Combien de fois ai-je observé les animaux, ces grands maîtres de l’homme dans les choses naturelles ! La femelle se défend, se retire, fuit. Le mâle poursuit, force, maîtrise. Quand le mâle a atteint son but, a réduit toute défense, il s’éloigne. Alors la femelle le poursuit, exige aide, protection et subsistance. Sauf dans quelques rares espèces animales, la femelle ne témoigne pas sa volupté ; mais elle ne peut pas cacher son désir, elle surprend le mâle, l’excite, le séduit. Quand il est en feu, il trouve refus, résistance et doit combattre. Je crois que par ces combats et ces luttes, la nature a voulu atteindre le maximum d’excitation, l’écoulement le plus complet des précieuses sèves animales, dont la fusion, le mélange le plus intime assure la perpétuation de l’espèce. Ils distillent, vaporisent, détendent encore plus les sources nerveuses, rendent l’union plus parfaite. C’est pourquoi les