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Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/20

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Malheureusement, il fut entraîné par son ardeur antifrançaise à écrire la pièce satirique Une Capitulation, stupide parade de clowns qui serait depuis longtemps oubliée sans le zèle chaleureux avec lequel certains commis-voyageurs en patriotisme en rappellent de temps à autre les propos injurieux pour les vaincus. Tels, pendant la guerre, après chaque défaite, les braillards en déroute s’écriaient : « On nous a trahis ! » Combien de fois, par exemple, a-t-on répété dans le journalisme, en termes indignés, que le pamphlet dialogué de Wagner n’était qu’une vengeance tirée des Parisiens coupables d’avoir, en 1861, sifflé Tannhœuser ?— On a vingt-quatre heures au Palais pour maudire ses juges, dit Almaviva dans le Barbier de Séville. — On a vingt-quatre ans au théâtre ! s’exclame Figaro. — Si la rancune de Wagner a été tenace, elle n’a pas encore atteint en durée l’opiniâtreté des griefs du poète contre le parterre de Madrid. Cependant, cédant aux inspirations d’un chauvinisme factice, pieusement entretenu par les déclamations de la presse, de 1876 à 1883, force naïfs convaincus s’imaginèrent obéir à une mission sainte en sifflant, au concert Pasdeloup, les œuvres de Wagner et travailler ainsi à reconquérir les provinces annexées.