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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/114

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SONNETS.

CII

Oh ! que je me sens faible en écrivant sur vous, quand je sais qu’un esprit supérieur fait usage de votre nom et emploie toute sa puissance à le chanter, enchaînant ma langue en parlant de votre gloire !

Mais puisque votre perfection, vaste comme l’Océan, peut porter la plus humble comme la plus fière voile, ma barque impertinente, bien inférieure à la sienne, se hasarde volontiers sur votre immensité.

Votre plus mince appui suffit à me tenir à flot, tandis qu’il vogue sur votre abîme insondable. Si je naufrage, je ne suis qu’un mauvais bateau ; lui, il est de haut bord et de grandiose voilure.

Si donc il réussit et si je chavire, mon pire malheur aura été de périr par amour.

CIII

Je conviens que tu n’es pas marié à ma muse, et qu’ainsi tu peux sans crime jeter les yeux sur ces phrases de dédicace que les écrivains adressent à leur héros, — bénédictions de tous les livres !

Tu es aussi accompli par la science que par la beauté, et tu trouves tes mérites au-dessus de mes éloges ; aussi es-tu forcé de demander un portrait plus éclatant à des peintres plus en vogue.

Fais, amour ! mais quand ils auront imaginé toutes les touches forcées que peut fournir la rhétorique, tu n’auras