Aller au contenu

Page:Simon Levy - Moïse, Jésus et Mahomet, Maisonneuve, 1887.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

misération. Quand on n’a pas soi-même des enfants, ou qu’avec l’âge on s’est trop endurci aux épreuves de la vie, involontairement on ne juge plus avec la même équité. Par une raison inverse, un juge inexpérimenté et qui est dans toute la fougue de la jeunesse, ne doit pas être admis à soutenir une accusation. Celle-ci à son tour doit être examinée mûrement, longuement, par des hommes réfléchis qui ne prononceront la sentence qu’après une consciencieuse appréciation des débats contradictoires. Enfin, le jugement rendu, s’il se trouve être en faveur de l’accusé, il est acquis pour toujours. Le tribunal ne peut plus en appeler. Une erreur dans la procédure ne saurait être invoquée que pour faire casser une condamnation. Dans ce cas seul on y prête quelque attention, on lui accorde du poids, on en revient pour examiner le tout à nouveau[1].

C’est ainsi que le Judaïsme, sans compromettre le caractère sévère et inviolable de la justice, recommande, quand il s’agit d’en appliquer les inflexibles lois, la circonspection, la douceur et même la générosité et la pitié. La justice ne saurait être paralysée ; il faut que son bras s’étende sur le coupable, que l’expiation suive de près la faute ; mais le magistrat chargé de la distribuer ne doit pas être cruel ; à la rigidité avec laquelle il l’exerce, doit se mêler chez lui un sentiment de constant respect pour la dignité du condamné. Il ne faut pas, dit l’Écriture, qu’il oublie que c’est un frère qui est devant lui, sans cela il pourrait venir à le mépriser[2]. La punition qui frappe, relève au même instant ; c’est comme le feu du creuset qui purifie l’or, ou comme le marteau qui scorifie le fer. C’est pourquoi encore, ajoute la Bible, vous devez respecter jusqu’au

  1. Voir pour tout ce qui a rapport à la jurisprudence criminelle, Maimonide lad Hachsakah, chap. II. §§. 3 et 5 ; et chap. V, IX, X, XVIII. Voir aussi Talmud, traité Sanhedrin, pages 17, 33 et 42.
  2. Deut., chap. XXV, v. 3.