Fils impur de parents impurs[1], et condamné
Par le sort à s’unir par des liens coupables
Aux flancs qui l’ont porté. Fléaux épouvantables,
Vous êtes tous tombés, vous pesez tous sur moi !
Je ne puis approuver cette horreur inouïe,...
Se mutiler ainsi !... mieux vaut perdre la vie !
Ils sont selon mes vœux. De quel œil aux enfers
Aurais-je regardé ma mère infortunée,
Mon père assassiné ?... Ma triste destinée
Était de me punir des forfaits inouïs
Que sur l’un et sur l’autre hélas ! j’avais commis.
Aurais-je pu vivant voir mon affreuse engeance
Souillée avec horreur de sa seule naissance ?
Non, non, je ne verrai jamais devant mes yeux
Ces enfants, ni ces murs, ni ces autels des Dieux !
Malheureux ! je me suis banni de ma patrie,
Où jadis, dans le sein d’une cité chérie,
Plein de gloire et d’honneur, je coulais d’heureux jours !
Je ne verrai donc plus ces palais ni ces tours !
J’ai déversé sur moi l’opprobre et l’anathème.
Le criminel, fût-il du sang de Laïus même !
Ai-je dit, ô Thébains ! il doit être chassé
De vos murs, vil mortel par vous tous repoussé !
C’en est fait ; je voudrais encor perdre l’ouïe,
Pour fermer toute entrée à la crainte inouïe
Des nouvelles horreurs qui peuvent m’arriver.
O Cithéron !... pourquoi du trépas me sauver[2] ?