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HISTOIRE DU PARNASSE

L’auteur du Repentir n’a jamais dû faire chorus avec ceux qui, de parti pris, parlaient mal de Déroulède[1]. Décidément, il n’est plus de la maison.


CHAPITRE III
Coppée

C’est une autre affaire avec Coppée, ouvert, rieur, un peu gavroche, ayant le mot pour rire, et la riposte, bon camarade qu’il vaut mieux ne pas provoquer, charmant quand il est en confiance : « c’était un ami parfait, dit M. Léon Daudet. Mon père le fréquentait avec délices. Cette petite phrase, « Nous avons Coppée », signifiait que le dîner et la soirée seraient un enchantement[2] ».

Il entre au Parnasse, armé de toutes pièces : il a déjà ses idées et son genre ; il connaît son métier, ayant eu des maîtres ; le premier en date étonnera quelque peu : « parce que le vieux Malherbe eut les travers d’un pédant, ma haute estime n’en reste pas moins intacte pour celui qui a définitivement fixé les lois de notre prosodie[3] ». Il en a d’autres, et de moins inattendus : Sainte-Beuve, Baudelaire dont il conserve pieusement la mémoire, dont, à ses débuts, il imite la manière, Mendès surtout[4]. C’est au début de 1863 que le poète hongrois E. Glaser introduit Coppée chez Catulle Mendès[5]. Le débutant lit au tout jeune maître ses Fleurs Mortelles :


Jeunes, vierges, aimants, avides d’être heureux,
Nous avons fait un jour notre nid amoureux
        Dans les boudoirs pleins de mystère ;
Nous y sommes restés pendant quelques saisons,
Vivant pour l’amour seul et buvant les poisons
        De nos débauches solitaires.


  1. Poésies, II, 222-224. Sully Prudhomme eût contresigné l’article de Franc-Nohain sur la faillite des poètes dans l’Écho de Paris du 31 mars 1929.
  2. Fantômes, p.110.
  3. Arnould, Quelques Poètes, p. ix.
  4. André Bellessort, Sainte-Beuve, p. 96. Lettre de Mme Aupick dans le Mercure de France du Ier septembre 1917, p. 40 ; Monval, Revue Hebdomadaire du 31 août 1912.
  5. J. Monval, Revue de Paris, Ier mars 1909, p. 73.