Toutes ces belles pages sont réunies en volume ; en octobre 1866 paraît le Reliquaire ; on peut dire que tout Coppée est là en raccourci[1]. Chaque parnassien y admire un côté particulier de ce talent très souple, et fort original. Mallarmé lui écrit : « votre vraie confraternité serait avec Mendès, si vous n’étiez parfaitement Coppée, dont les vers s’amalgament si bien, de loin, pour moi, avec la figure de camée, et avec le nom qui s’inscrirait sur une lame d’épée et plierait avec elle[2] ». Sully Prudhomme le félicite avec une tendre sympathie nuancée d’admiration, tout en faisant quelques réserves au nom de la délicatesse[3]. En l’honneur du Reliquaire, Glatigny s’improvise critique, et bon critique même ; il publie dans Le Moniteur du Puy-de-Dôme, le Ier décembre 1866, un article où il célèbre l’unité du livre, la beauté des pièces, « déjà classiques, si par classiques on veut entendre les vers destinés… à vivre éternellement dans la mémoire[4] ». Sainte-Beuve, qui est dans un de ses meilleurs jours, blâme un peu de noirceur dans les idées, un peu de tension, de force factice : simple affaire de jeunesse ; mais surtout il admire nombre de pièces qui lui paraissent parfaites, et conclut : « quand ce qui est du fait-exprès aura disparu de votre manière et se sera adouci, vous n’aurez rien à envier à personne, et vous n’avez dès à présent qu’à poursuivre votre voie originale et propre avec le talent supérieur que vous possédez[5] ». Certes, Coppée’a déjà une fort bonne presse ; et pourtant c’est le grand Mistral qui voit le plus loin : il devine dans l’auteur du Reliquaire le poète des Humbles : « vous avez les éclairs et les touches qui font pressentir le maître. Et tenez, savez-vous ce qui me fait dire ça ? Ce n’est pas votre superbe pièce du Justicier, mais celle des Aïeules. Il me semble qu’il faut être vraiment poète pour avoir deviné et rendu si naturellement la poésie infuse dans ces pauvres vieilles femmes[6] ».
Coppée grandit encore par ses envois aux trois Ramasses. En 1866, il expose Le Lys, Vers le Passé, Innocence, Le Jongleur,