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LE DISPERSION

Voici qui est mieux dans la note de l’École : Madame lit Yseult la Blonde, par Vivian Bell :


Quand la cloche, faisant comme qui chante et prie,
Dit dans le ciel ému : « Je vous salue, Marie »,
La vierge, en visitant les pommiers du verger,
Frissonne d’avoir vu venir le messager
Qui lui présente un lys rouge et tel qu’on désire
Mourir de son parfum sitôt qu’on le respire[1].


Ces vers, c’est comme une guirlande de verveine déposée, en expiation, sur l’autel du Parnasse, qu’il avait abîmé de toutes ses forces, l’ingrat ! Ne fût-ce que par orgueil, il aurait dû être reconnaissant pour le Maître qui avait deviné que l’art des vers ferait de lui un grand prosateur ; pour les anciens du Parnasse qui lui avaient communiqué tous leurs secrets, et qui auraient pu le punir, en lui citant du La Bruyère : « quand enfin l’on est auteur, et que l’on croit marcher tout seul, on s’élève contre eux, on les maltraite, semblable à ces enfants drus et forts d’un bon lait qu’ils ont sucé, qui battent leur nourrice ».

Du reste, libre aux « Franciens » qui trouveront ce chapitre-ci insuffisant, inintelligent, scandaleux, de lire dans Les Nouvelles Littéraires du 19 avril 1924 l’apothéose jubilaire du Parnassien renégat : ils apprendront là que, comme poète, Anatole France, était génial…


CHAPITRE V
Verlaine

Si France ne sort pas du Parnasse avec les honneurs de la guerre, du moins il part de son plein gré ; Verlaine, lui, est mis dehors. Malgré le prestige de son nom nous en parlerons brièvement, car, s’il est grand par ailleurs, il est petit au Parnasse. Ses débuts sont faibles ; ses poésies de 1861, de 1862, souvent baudelairiennes, renferment d’étranges gaucheries : ainsi il parle, avec insistance.

  1. Le Lys rouge, p. 3.