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Page:Souvenirs d'enfance de Sophie Kovalewsky.djvu/114

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ma sœur.

d’une personne qui cède aux sollicitations d’autrui. Les futurs acteurs se réunirent pour choisir une pièce. On sait que ce n’est pas facile : il faut que la pièce soit amusante, qu’elle ne le soit pas trop, et qu’elle n’exige pas de mise en scène trop compliquée. Le choix s’arrêta sur un vaudeville français, les Œufs de Perrette. Pour la première fois, Aniouta allait prendre part, à titre de grande personne, à un spectacle d’amateur, et le rôle principal lui fut confié.

Les répétitions commencèrent : elle montra de remarquables dispositions théâtrales. Et voilà la crainte de la mort, la lutte de la foi et de la conscience, l’effroi d’un mystérieux « au-delà », envolés ! On entendait du matin au soir résonner la voix claire d’Aniouta, chantant des couplets français. Après la fête de maman, les larmes recommencèrent : mais leur cause en était différente. Ma sœur pleurait parce que son père refusait de la faire entrer dans une école dramatique, où elle pût se préparer au théâtre : elle se sentait une vocation décidée pour la scène.