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Page:Souvenirs d'enfance de Sophie Kovalewsky.djvu/115

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VIII

MA SŒUR (suite)


Tandis qu’Aniouta rêvait de chevalerie, et versait des larmes amères sur la destinée de Harald et d’Édith, la majeure partie de la jeunesse intelligente en Russie était entraînée vers un idéal bien différent. Les enthousiasmes d’Aniouta peuvent donc frapper comme un étrange anachronisme. Mais le coin de terre où se trouvaient nos propriétés, était si éloigné d’un centre intellectuel, les murs qui entouraient Palibino étaient si hauts, et le séparaient si complètement du monde extérieur, que le souffle des idées nouvelles ne pouvait gagner nos paisibles rivages, qu’après avoir longtemps agité les flots de la pleine mer. En revanche, dès que ces idées arrivèrent jusqu’à nous, elles envahirent et entraînèrent Aniouta immédiatement.

Comment ? Par quelle voie et de quelle façon ces nouveautés pénétrèrent-elles chez nous ? Il est difficile de le préciser. Le propre des époques de transi-