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Page:Souvenirs d'enfance de Sophie Kovalewsky.djvu/250

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arrivée à stockholm.

Ainsi, tandis qu’à Stockholm Mme Kovalevsky était nommée professeur à l’École Supérieure, elle n’avait pas le droit, parce qu’elle était femme, d’assister à un cours de l’Université dans la capitale de l’Allemagne !

Le peu de stabilité apparente de sa nouvelle situation eût vraisemblablement troublé toute autre que Sophie, mais elle ne s’inquiétait jamais de l’avenir ; le moment présent lui paraissait-il satisfaisant, elle n’en demandait pas davantage : elle aurait même sacrifié les plans d’avenir les plus brillants, pour rendre le présent plus complètement heureux.

Avant d’aller à Berlin, Sophie avait été à Moscou afin d’y voir sa fille, confiée à une amie ; elle écrivit de là à Mittag-Leffler, une lettre qui expliquera sa façon de comprendre ses devoirs de mère, et de résoudre les conflits qui résultaient de sa double qualité de mère et de fonctionnaire, de femme et de chef de famille :


Moscou, 3 juin 1884.

« …J’ai reçu ici une longue lettre de T. qui m’engage beaucoup à amener ma petite Sonia à Stockholm ; mais maigre toutes les raisons qui me feraient désirer avoir ma fille auprès de moi, je suis presque décidée à la laisser encore ici pour un hiver. Je ne crois pas qu’il soit de l’intérêt de l’enfant de la reprendre d’un endroit où elle est si bien, pour la mener avec moi, au commencement de l’automne, à Stockholm, où rien ne serait organisé pour la recevoir, et où moi-même je serai forcée de consacrer