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Page:Souvenirs d'enfance de Sophie Kovalewsky.djvu/251

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sophie kovalewsky.

tout mon temps, et toute mon énergie, à mes nouveaux devoirs. T. allègue, entre autres raisons, que beaucoup de personnes m’accuseront d’indifférence pour ma fille. C’est possible, mais cette raison n’en prend pas plus de valeur à mes yeux. Je suis prête à me soumettre au jugement du tribunal des dames de Stockholm en tout ce qui concerne les petites choses de la vie, mais lorsqu’il s’agit de questions graves, et que mon bien-être, et surtout celui de la petite, est en jeu, ce serait une impardonnable faiblesse de me laisser influencer par l’ombre du désir de paraître une bonne mère aux yeux du poulailler de Stockholm. »


À son retour en Suède, en septembre, Sophie s’établit pour quelques semaines à Södertelje, pour y achever sans interruption un important travail sur la « Réfraction de la lumière dans les milieux cristallins ». Mittag-Leffler et un jeune mathématicien allemand, dont Sophie avait fait la connaissance à Berlin pendant l’été, demeuraient auprès d’elle, ce dernier pour l’aider dans la rédaction allemande de son travail.

Dès la première visite que je lui fis après son retour, je fus frappée de la trouver rajeunie et embellie ; je m’expliquai d’abord ce changement par une transformation de toilette, car elle avait quitté le deuil, qu’elle détestait, et qui ne lui allait pas, et portait une robe d’été bleu de ciel ; son teint en semblait éclairci ; sa belle chevelure était coiffée en boucles.