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Page:Souvenirs d'enfance de Sophie Kovalewsky.djvu/90

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VI

MON ONCLE THÉODORE SCHUBERT


Mon attachement pour un autre oncle, Théodore Schubert, le frère de ma mère, eut un caractère tout différent.

Cet oncle, fils unique de feu mon grand-père, et beaucoup plus jeune que ma mère, habitait toujours Pétersbourg, où, en sa qualité de seul représentant mâle de la famille Schubert, il était idolâtré par tout un monde de sœurs, de tantes, et de cousines non mariées.

Son arrivée chez nous, à la campagne, faisait événement. J’avais neuf à dix ans lorsqu’il y vint pour la première fois. Sa visite fut, plusieurs semaines à l’avance, le sujet de toutes les conversations. On lui prépara la plus belle chambre, et maman s’occupa elle-même d’y faire placer les meilleurs meubles. On alla le chercher en voiture à cent cinquante verstes de chez nous, au chef-lieu du district ; et, dans cette voiture, on avait mis une fourrure, un plaid