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Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/165

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Les plus majestueux comme les plus subtils,
Naître, mystérieusement, d’un peu de fil…
Il ne faut rien qu’un peu de fil… Mes mains le nouent
Si vite et si gaîment qu’on dirait qu’elles jouent
Du clavecin… Quelques épingles, peu de chose,
Et voici cependant des étoiles, des roses,
Des palmes qui vont l’une à l’autre s’enroulant,
Et ce n’est que du fil, rien qu’un peu de fil blanc…
L’heure passe, mes doigts travaillent, et, tandis
Que légère comme un oiseau du paradis,
La dentelle apparaît, peu à peu, point par point,
L’âme légère aussi, je suis mon rêve, au loin,
Battant de l’aile comme une voile qui cingle…
Il ne faut rien qu’un peu de fil et des épingles…

JEAN (attendri)

Et ce rêve ? Où va-t-il ?

KAATJE (relevant la tête)

Et ce rêve ? Où va-t-il ? J’aurais bien de la peine
À te le dire ! Un rien l’éveille et puis l’entraîne.
Mais il reste, en dépit de ses métamorphoses,
Le rêve d’une enfant qui sait si peu de choses !

JEAN

Comment ?

KAATJE

Comment ? Je ne sais rien ! Si j’en avais un doute
Il suffirait que tu me parles ! Je t’écoute ;