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Page:Spenlé - Novalis.djvu/141

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L’INTUITIONNISME

subalterne sans doute, mais comme un auxiliaire utile cependant, pourvu qu’il s’appliquât à populariser et à vulgariser docilement les solutions morales de l’idéalisme et à faire, selon l’expression de Fichte lui-même « du point de vue transcendantal le point de vue de la vie commune » ; ou bien, tout au contraire, l’art se proclamait, en vertu de la toute-puissance du démiurge humain, la réalité absolue et la moralité parfaite. Ce fut la solution romantique. Au milieu de beaucoup de confusions et de contradictions encore, on la voit poindre et se préciser peu à peu dans les fragments philosophiques de Novalis. Par là il se crut le véritable continuateur de Fichte, l’interprète authentique de l’intuitionnisme philosophique que celui-ci n’avait formulé qu’à l’origine de son système, qu’il semblait oublier ensuite et dont il n’avait pas su ou pas voulu tirer les conséquences véritables. « Il ne serait pas impossible que Fichte fût l’inventeur d’une manière toute nouvelle de penser qui n’a pas encore de nom dans la langue courante. Peut-être l’inventeur lui-même n’est-il pas sur son propre instrument l’exécutant, le plus habile et le plus ingénieux, — encore que je n’affirme pas la chose. Mais il est vraisemblable qu’il se rencontrera des hommes qui sauront mieux « fichtiser » que Fichte (die weit besser fichtisiren werden, als Fichte) »[1] C’est comme une tentative en ce sens qu’il présentait lui-même ses fragments philosophiques.

LES FRAGMENTS PHILOSOPHIQUES DE NOVALIS
L’ILLUSIONNISME SPÉCULATIF


Novalis avait été initié par Frédéric Schlegel à l’étude de la philosophie » de Fichte.[2] Il semble avoir éprouvé d’a-

  1. N. S. II, 1, p. 55-56.
  2. Des rapports plus anciens existaient entre Fichte et la famille Hardenberg. S’il faut en croire la biographie du général Dietrich von Miltitz, pupille du baron von Hardenberg, celui-ci aurait aidé pécuniairement le jeune Fichte pendant qu’il faisait ses études à la « Fürstenschule » de Pforta. Voir Peters, General Dietrich von Miltitz, Meissen, l803. p. 2