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Page:Spenlé - Novalis.djvu/190

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NOVALIS

date de décembre 1797. « je suis en pleine effervescence. Je me crois en possession des pensées directrices. Si seulement nous pouvions nous voir, échanger nos papiers. Tu trouverais dans les miens beaucoup de théosophie et d’alchimie. »[1] Il n’est guère de lettre où il ne revienne à ses merveilleuses, stupéfiantes « découvertes ». — « Je cherche à réaliser une idée, dont la découverte me rend presque orgueilleux. Il me semble que c’est une idée très importante, très féconde, une idée qui jette une lumière singulièrement vive sur le système de Fichte, une idée pratique… Elle ne tend à rien moins qu’à réaliser les aspirations et les pressentiments les plus audacieux de toutes les époques, de la manière la plus analogique, la plus intelligible du monde. »[2] Il s’agit évidemment d’une physique très différente de la physique ordinaire, d’une sorte de Magie transcendante. « Dans cette voie je pense m’engager plus que jamais et rendre désormais superflus tous les alambics et tous les fourneaux. »[3]

Le second chapitre du Disciple à Saïs, intitulé la « Nature » nous fait déjà pressentir cet enseignement ésotérique. Des voix approchent du parvis du temple : ce sont des voyageurs qui s’acheminent, en longues théories. Si différents qu’ils apparaissent, dans leurs discours, ils sont cependant tous orientés par une commune aspiration ; tous ils ressentent le besoin d’une révélation plus complète, plus intime de la Nature, et ils croient que cette révélation ne peut se faire que par l’initiation à une sorte de gnose religieuse. L’évangile de Rousseau reparaît ici, formulé en termes plus mystiques. — À quoi sert à l’homme le prétendu savoir dont il s’enorgueillit, s’il s’est éloigné des sources naturelles de la vie ? Il s’agit pour lui d’augmenter bien moins ce savoir abstrait, cette culture factice, que de rétablir dans leur pureté primitive les liens qui l’unissaient

  1. Raich, op. cit. p. 48.
  2. Raich, pp. 63-64.
  3. Ibid. p. 69.