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Page:Spenlé - Novalis.djvu/205

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PHILOSOPHIE DE LA NATURE

nes sectes théosophiques, s’était transformé pour devenir l’image d’un Messie nouveau, — le Messie panthéistique de la Nature. On retrouvera plus loin cet énigmatique personnage, dans les hymnes théosophiques du poète.

Entre les mains de cet enfant devaient être remis l’enseignement et les archives sacrées du temple, à la mort du Maître de Saïs. Cette suite projetée du Disciple à Saïs se trouve rapidement esquissée dans un fragment de Novalis : « Métamorphose du temple à Saïs — Apparition d’Isis — Mort du Maître — Rêves dans le temple — Demeure de l’Archée — Arrivée des divinités grecques — Initiation aux mystères — Statue de Memnon — Voyage aux Pyramides — L’Enfant et son St-Jean — Le Messie de la Nature. »[1] Il est impossible, sur ces indications très vagues, de reconstruire la suite des idées. Cependant on y reconnaît aisément quelques-uns des motifs, qui inspiraient la littérature mystique et théosophique de l’époque, et qu’on retrouverait, plus développés, dans le « Heimweh » de Jung Stilling, — où l’auteur a décrit les agitations occultistes du temps, — et surtout dans « les Fils de la Vallée » de Zacharias Werner, drame allégorique, où est annoncée une régénération prochaine de la littérature, de la religion et des sciences de la nature par une sorte de Franc-Maçonnerie théosophique et romantique. Ce sont ces doctrines à la fois scientifiques et mystiques, plus ou moins occultes, auxquelles le « Disciple à Saïs » devait servir de préambule, et qu’il nous faut encore essayer de préciser. Une figure nous apparaît ici, particulièrement expressive : celle du physicien, théosophe et romantique, J. W. Ritter.

  1. Cette suite projetée se trouve indiquée dans l’édition de M. Carl Meissner Novalis sæmmtliche Werke, Florenz und Leipzig, 1898, II, p. 311. On retrouve une allusion au même projet dans un fragment de l’édition de M. Heilborn (N. S. II, 1, p. 349. « Jesus in Saïs » )