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Page:Spenlé - Novalis.djvu/206

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NOVALIS

LES PHYSICIENS ROMANTIQUES

Le 18me siècle fut un siècle de profonde rénovation, non seulement dans le monde politique, mais aussi et surtout dans le monde des sciences naturelles. Grâce au génie puissant et organisateur de Lavoisier une science positive nouvelle, la chimie, venait de naître. « À cette époque en effet, » — en ces termes M. Berthelot résume cette page d’histoire, — « la science a été transformée par une révolution considérable dans les idées jusque-là régnantes, je ne dis pas seulement en chimie, mais dans l’ensemble des sciences physiques et naturelles. La constitution de la matière a été établie sur des conceptions nouvelles : la vieille doctrine des quatre Éléments, qui régnait depuis le temps des philosophes grecs, est tombée. La composition de deux d’entre eux, l’air et l’eau, regardés comme simples, a été démontrée par l’analyse : la terre, élément unique et confus, a été remplacée par la multitude empirique de nos corps simples, définis avec précision. Le feu lui-même a changé de caractère : il a cessé d’être envisagé comme une substance particulière ; enfin les savants, et les philosophes à leur suite, ont reconnu entre les matières qui servent de support au feu une distinction capitale et qui s’est étendue aussitôt à la nature entière, celle des corps pondérables, soumis à l’emploi de la balance, et celle des fluides impondérables, qui y échappent. — La confusion qui avait régné jusque-là entre ces divers ordres de matières et de phénomènes ayant cessé, une lumière soudaine s’est répandud sur toutes les branches de la philosophie naturelle et les notions mêmes de la métaphysique abstraite en ont été changées. Dans un ordre plus spécial, la composition élémentaire des êtres vivants, auparavant ignorée, a été révélée, ainsi que leurs relations véritables avec l’atmosphère qui les entoure ; les conséquences les plus graves pour la physiologie, pour la