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Page:Spenlé - Novalis.djvu/209

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PHILOSOPHIE DE LA NATURE

tomne 1797, devant une société savante d’Iéna, il s’efforçait d’en exposer la théorie scientifique. Dans le galvanisme il croyait saisir l’indice révélateur de toute activité organique, qui à tous les degrés accompagne les manifestations biologiques ; par cette découverte, pensait-il, la physiologie allait être révolutionnée de fond en comble et il laissait entrevoir, en termes apocalyptiques, l’explication par le même phénomène de l’univers entier, compris comme un organisme vivant, comme un animal cosmique.[1]

La connaissance de Novalis qui amena un changement si profond dans l’existence de Ritter, semble remonter aux débuts de la carrière scientifique de celui-ci, c’est-à-dire à l’année 1797 environ. Sans doute Novalis assistait à la conférence qu’il fit en automne de la même année devant la société scientifique d’Iéna, car de Weissenfels, où le jeune poète résidait avant son départ pour Freiberg, il se rendait fréquemment à Iéna. Par Novalis aussi Ritter fut introduit dans les cercles romantiques. « Que puis-je vous annoncer au sujet de Ritter », écrivait Caroline Schlegel à son correspondant de Freiberg. « Il habite à Belvédère et il expédie des grenouilles en masse, qui pullulent là-bas et dont il y a disette par ici. De temps en temps il les accompagne en personne ; cependant je ne l’ai pas encore vu et les autres m’assurent qu’il ne pourrait ni ne voudrait me dire trois mots de suite. Il n’a l’esprit fait que pour une seule chose, à ce que je vois. On dit que dans ce genre il excelle. Je doute cependant que ce soit le genre le plus élevé où on puisse atteindre dans sa science : car ce genre-là en comprend beaucoup d’autres. »[2] Une amitié singulièrement exaltée et d’un caractère mystique, tout au moins fortement imprégnée d’idées mystiques, semble s’être établie dès le début entre Ritter et Novalis. « Celui qui n’était pas connaisseur d’âmes », raconte Ritter dans l’ouvrage déjà cité,

  1. Cette conférence a été imprimée et publiée l’année suivante, sous le titre suivant : « Beweis, dass ein bestændiger Galvanismus den Lebensprozess im Thierreich begleitet. » — Weimar. 1798.
  2. Raich, op. cit., p. 109-110.