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Page:Spenlé - Novalis.djvu/213

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PHILOSOPHIE DE LA NATURE

ment qu’à l’heure de leur mort. »[1] Caroline Schlegel, sur qui Rittler, on l’a vu, avait produit une impression médiocrement favorable et qui devait bientôt reporter sur Schelling ses sympathies passionnées, ne voyait pas d’un bon œil ces recherches singulières. « Vous ne sauriez croire », écrivait-elle à Novalis. « comme votre activité ésotérique me met la tête à l’envers. Vous ne vous figurez pas combien peu je comprends toute votre manière d’être, combien peu je m’explique ce que vous faites. Je ne connais rien, après tout, hormis la morale humaine et la poésie… Ce que vous brassez là tous ensemble c’est pour moi l’antre de la sorcière (ein wahrer Zauberkessel). »[2] Au contraire Frédéric Schlegel se promettait monts et merveilles de cette physique, supérieure et la recommandait instamment à Schleiermacher. « Je me mettrai en correspondance avec Novalis » écrivait-il à ce dernier, « au sujet du galvanisme de l’esprit, une de ses idées favorites. J’entrerai en scène très modestement ; il aura l’honneur de remplir les fonctions de Mage. Comment sa théorie de la magie, le susdit galvanisme de l’esprit et le mystère du contact spirituel prennent eux-mêmes contact dans son esprit, s’y galvanisent et s’y amalgament magiquement, tout cela reste encore pour moi un point passablement obscur. »[3]

Que faut-il entendre par ce galvanisme spirituel ? Il s’agit d’une conception. non pas philosophique ou théorique, mais expérimentale de la magie. Celle-ci repose, comme on sait, sur l’hypothèse d’une âme cosmique, d’un lien organique universel, qui permet aux différentes parties du monde d’agir les unes sur les autres sans l’intermédiaire d’un agent matériel et mécanique, par une sorte de sympathie diffuse, et amène certaines forces étrangères à obéir à notre pensée. « La magie », disait Novalis. « est une identification partielle du monde extérieur avec notre moi… Le mage sait

  1. J. W. Ritter, Nachlass etc. op. cit., p. XL et XLII
  2. Raich, op. cit., pp. 108-109.
  3. Aus Schleiermacher’s Leben, op. cit., T. 3, {{pg|77}. C’est l’époque où Frédéric Schlegel entre en rapports suivis avec Ritter.