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Page:Spenlé - Novalis.djvu/220

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NOVALIS

Frédéric Schlegel, semble avoir éprouvé de vagues inquiétudes. Son correspondant croit utile de le rassurer. « Pour ce qui est du galvanisme spirituel il ne s’agit en somme que de découvrir ce qui est muscle et tendon dans l’âme humaine. » —

« Dans le magnétisme animal », disait Ritter, « on quitte le domaine de la conscience volontaire pour entrer dans celui de l’activité automatique, dans la région où le corps organique se comporte de nouveau comme un être anorganique et ainsi nous révèle les secrets des deux mondes à la fois. »[1] C’est là pour le physicien romantique le sens merveilleux du magnétisme : il crée, selon le mot de Mesmer, un état de « sommeil divinatoire » qui replonge l’âme individuelle au sein des forces élémentaires et de l’âme cosmique. Les pulsations les plus profondes de la vie échappent à l’empire de la volonté, — et pareillement ce qu’il y a de plus intime dans la nature ne pénètre pas dans la conscience éveillée, qui est une conscience « isolée ». Le néophyte ne peut être introduit que par « le rêve », c’est-à-dire dans un état de somnambulisme ou de sommeil divinatoire, dans le sanctuaire d’Isis. Sans doute, même à l’état de veille, nous sommes doués d’une certaine clairvoyance magique : mais elle est limitée à notre sphère corporelle et la perception extérieure supplée seule à notre défaut d’intuition directe de l’univers. Mais cette zone animique est mobile et peut être reculée à l’infini. Ce sont là les » transcendances » magiques qui s’entr’ouvrent à nous dans l’extase, dans le rêve somnambulique, dans l’inspiration, et qui constituent l’activité géniale. Comme l’illustre magnétiseur Mesmer, Novalis parlera d’un « sens intime » on d’un « sens absolu » qui permet à l’homme de franchir les barrières de sa personnalité physique. Il entre alors avec l’univers en des rapports magiques, transcendants, qui ne sont plus soumis aux modalités ordinaires de la conscience. L’espace, la durée, l’opposition entre le moi et le non-moi

  1. Ritter. — Nachlass, etc. op. cit. p. 81.