Aller au contenu

Page:Spenlé - Novalis.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
227
PHILOSOPHIE DE LA NATURE

plus, observe Ritter, tous les corps conducteurs dans la chaîne galvanique sont aussi conducteurs de l’électricité.[1] C’est à peu près ce que nous voyons se produire dans le conte de Klingsohr. Un personnage nouveau, Tourmaline, rassemble les cendres de la Mère consumée. Précisément vers cette époque, un physicien électricien, Oepinus, avait découvert et étudié les propriétés particulières de la tourmaline : on sait que cette pierre cristallisée devient électrique par la chaleur du feu ou par le frottement. Tourmaline, personnification de l’Électricité, sera donc le compagnon habituel des éléments de la chaîne galvanique, Zinc et Or. Ensemble ils se rendent, accompagnés par Fable, auprès d’Atlas, le vieux géant qui porte le monde sur ses épaules et se trouve aujourd’hui tout infirme et perclus de douleurs. « Il paraissait paralysé et ne pouvait plus remuer un seul membre. « Or » lui mit une pièce de monnaie dans la bouche et le jardinier (« Zinc ») lui glissa un bol sous les hanches. Fable lui toucha les yeux et versa le liquide sur le front. Aussitôt que l’eau eût coulé par dessus les yeux dans la bouche et jusque dans le bol, un éclair de vie fit tressaillir tous les muscles du géant. Il ouvrit les yeux et se redressa avec vigueur. »[2]

Puis ce sont les éléments terrestres qui, par l’action régénératrice du galvanisme, vont se transformer en un fluide éthéré et universel, véritable Mercure des Philosophes. Le Père et Ginnistan, seront les artisans plus ou moins conscients du Grand Œuvre Alchimique. Une situation assez délicate reste en effet à régulariser entre eux. Avec ses précieux auxiliaires, Zinc et Or, Fable établit la chaîne galva-

  1. Ibid., p. 5.
  2. N. S. I, pp. 149-150. Pressentant déjà l’électrothérapie et la métallothérapie, Ritter appliquait le galvanisme au traitement des maladies nerveuses, particulièrement des paralysies et des anesthésies. Le physicien Schubert, initié par Ritter, fit une dissertation inaugurale à ce sujet, tendant à prouver que le galvanisme était la véritable panacée. Il s’était institué thaumaturge et prétendait, par l’excitation galvanique, rendre aux sourds l’usage de leurs sens. (Voir Schubert, Selbstbiographie, Erlangen, 1855, II, pp. 29-30).