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NOVALIS

d’éveiller nos facultés divinatoires, de libérer le démiurge qui sommeille en nous, de révéler dans la nature aussi un arbitraire fondamental et d’annoncer prophétiquement l’anarchie finale, l’anarchie « après le monde ». De là son caractère d’insaisissable vérité. On se croirait à cette heure indécise du matin où, déchirant les brumes, par une pénétration subite et comme par une furtive prise de possession, les premières clartés du soleil saisissent avant qu’elles aient pu fuir les formes et les figures étranges de la nuit et surprennent à son premier réveil, le mystère ingénu de la Nature.

SCHELLING ET NOVALIS


On a parfois voulu faire de Novalis un disciple ou un imitateur de Schelling. Cependant d’une simple comparaison chronologique il ressort déjà que les premiers écrits de Novalis sont un peu antérieurs à ceux de Schelling et ne peuvent avoir été inspirés par ceux-ci. La plupart des fragments recueillis sous le titre de « Poussière d’étamines », avons-nous vu, remontent, au moins par la conception première, aux années 1795 et 1796. Le « Disciple à Saïs » fut composé pendant l’hiver 1797-1798. Or les « Idées devant servir à une philosophie de la Nature » de Schelling parurent à la fin de 1797 et son « Âme universelle » fut publiée vers la fin de 1798. La lecture de ces derniers ouvrages ne semble pas avoir marqué dans le développement de Novalis une ère nouvelle. En 1797 il avait fait la connaissance, à Leipzig, du jeune philosophe. « Je lui ai ouvertement exprimé mon déplaisir au sujet de ses Idées », écrit-il en parlant de cette entrevue : « il fut entièrement de mon avis et pense prendre son vol plus haut dans la seconde partie. »[1] À propos de l’« Âme universelle » il remarque simplement que « c’est un phénomène

  1. Raich, op. cit. p. 48.