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Page:Spenlé - Novalis.djvu/257

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LA RELIGION NATURISTE

fondément, puisqu’on avait eu le tort, pour se ménager de hautes sympathies, de donner les premières charges à des aristocrates ou même à des chefs d’État. D’autres enfin — les illuminés mystiques ou théosophes — prétendaient que l’œuvre de régénération universelle ne pouvait être menée à terme que par une restauration religieuse et théocratique. Différentes branches mystiques, inspirées de cet esprit, s’étaient greffées sur l’ancienne Franc-Maçonnerie. Elles n’hésitaient pas, dans leur œuvre de restauration religieuse, à faire, plus ou moins ouvertement, cause commune avec les partis religieux extrêmes, — avec les sectes piétistes d’une part, avec les ordres religieux catholiques d’autre part, particulièrement avec les jésuites qui, quoique récemment expulsés, n’en consen aient pas moins toujours une influence occulte indéniable.[1]

La nouvelle tendance mystique avait fini par triompher dans les congrès maçonniques et ce triomphe ouvrit l’ère des persécutions gouvernementales contre les éléments révolutionnaires. Dans les États catholiques du Sud les Illuminés de Weishanpt furent les premiers frappés. Mais l’impulsion donnée par le Sud catholique eut bientôt sa répercussion dans le Nord protestant. Ce fut ici le parti piétiste et romantique qui mena la campagne réactionnaire contre les Aufklærer rationalistes et qui popularisa l’œuvre de restauration religieuse. Le trône de Prusse était alors occupé par Frédéric-Guillaume II, célèbre par ses mœurs dissolues autant que par sa crédulité mystique, et que ses ministres Wœllner et Bischoffswerder, adeptes du spirite Schrepfer,

  1. Sur toutes ces associations occultes on trouve des renseignements, d’abord dans d’innombrables articles parus dans les revues contemporaines, dans la « Berliner Monatsschrift, » et dans « Der neue deutsche Merkur ». — dans l’Adrastea de Herder, dans l’Allemagne de Mme de Staël (IVe partie, chap. 7 et 8), etc. À une époque plus récente on consultera avec fruit J. G Findel, Histoire de la Franc-Maçonnerie, 2 vol., traduit de l’allemand par E. Tandel, Paris, 1866, (I, p. 366 et suiv.), — quelques articles de St René-Taillandier, parus dans la Revue des Deux-Mondes (février 1866, — « Charles de Hesse et les Illuminés ») et surtout l’ouvrage de Philippson : Geschichte des preussichen Staastswesens, Leipzig, 1880, (Tome I, p. 77 et suiv.).