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Page:Spenlé - Novalis.djvu/319

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HENRI D’OFTERDINGEN

Des nouvelles fonctions de Novalis, comme assesseur aux salines de Weissenfels, l’amenaient à faire de fréquents voyages dans la montagne, particulièrement en Thuringe. C’est là, au pied du Kyffhæuser, dans la « güldene Aue » qu’il passa une partie de l’hiver 1799-1800 et que le roman semble avoir pris corps dans son esprit. En avril 1800 la première partie était prête, et Novalis la soumettait à la censure préalable du comité romantique.[1] Tout était prévu, le format in-12, jusqu’à la disposition typographique du titre ; Henri d’Ofterdingen devait paraître à Berlin, chez Reimer, dans la même librairie et imprimé avec les mêmes caractères, qui avaient servi à l’impression de Wilhelm Meister. L’intention de fournir à ce dernier ouvrage une contre-partie romantique apparaissait ainsi jusque dans les détails les plus insignifiants. Mais la mort de Novalis laissa l’œuvre inachevée. Henri d’Ofterdingen ne parut qu’en 1802, par les soins des deux exécuteurs testamentaires du poète, Tieck et Frédéric Schlegel.

LES « ANNÉES D’APPRENTISSAGE » DE HENRI D’OFTERDINGEN


Par une matinée de printemps de l’année 1802, bien avant le lever du soleil, un jeune voyageur sortait de la ville d’Iéna, la démarche légère et l’âme en fête. Il portait, accroché à ses épaules, un petit sac, avec ses habits de dimanche et un peu de linge de rechange, — car on était à la veille de Pentecôte et il rentrait dans sa famille, pour y passer les jours de fête. Sa mise était celle d’un étudiant pauvre et studieux. Dans le sac du voyageur une main indiscrète aurait découvert un petit paquet, soigneusement enveloppé ; c’était, un livre que le jeune étudiant apportait à sa fiancée, « la douce, et charmante nouveauté » du jour, Henri d’Ofterdingen, de Novalis.

  1. Raich, op. cit., p. 136.