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Page:Spenlé - Novalis.djvu/354

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NOVALIS

reste à définir à présent ce document positif de rénovation artistique.

LE ROMAN COSMOLOGIQUE ET L’ESTHÉTIQUE DU RÊVE


Le problème artistique que Novalis s’est posé et dont il a poursuivi la solution à travers toute son œuvre, fut de découvrir une poésie « absolue », c’est-à-dire indépendante de la réalité, capable elle-même de produire celle-ci à nouveau, en d’autres termes, une poésie « cosmologique », se développant par une incessante divination, en un parallélisme merveilleux avec la nature et le monde, aussi philosophique, aussi « a priori », aussi universelle que la pensée du métaphysicien, et apte en même temps à reproduire jusque dans ses aspects les plus particuliers, dans ses modulations les plus capricieuses, dans ses créations les plus éphémères, les plus fragiles, les plus illusoires, cette incessante corporisation de l’amorphe, cette organisation mobile et fugace, que nous appelons la vie. Tel était le postulat d’où se développait sa philosophie esthétique : les différents arts, les religions, les sciences, la nature, l’histoire, en un certain sens même l’industrie humaine lui apparaissaient comme des solutions incomplètes et partielles de ce problème infini, comme les aspects multiples, sous lesquels se manifestait cette Poésie absolue et transcendantale.

Le problème général se posait, pour l’artiste romantique, en termes plus précis. Existait-il une formule d’art qui permît de rassembler dans une pensée commune tous ces éléments dispersés, de les présenter simultanément dans leur multiplicité complexe et. dans leur identité profonde, — un genre artistique, qui engloberait toutes les réalités physiques et spirituelles, qui serait en même temps une théorie universelle de la vie, de la nature, et un résumé succinct de tous les autres arts, tour à tour philosophique, scientifique, descriptif, épique, musical, dramatique ? À ce problème Nova-