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Page:Spenlé - Novalis.djvu/368

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NOVALIS

inexplicable enchantement. Telles sont les dispositions qu’on pourrait lire dans le second sonnet, — d’une si enveloppante et intraduisible mélodie, — qui sert de dédicace au roman Henri d’Ofterdingen

« Parmi d’innombrables métamorphoses l’invisible puissance du chant nous salue ici-bas. Tantôt elle bénit les peuples, image de la Paix éternelle, — tantôt elle nous retrempe dans les flots de la jeunesse.

« C’est elle qui baigne de lumière nos yeux ; d’elle nous tenons les pensées révélatrices de chaque art ; aux âmes sereines et aux âmes fatiguées elle verse une pieuse et miraculeuse ivresse.

« Sur son sein gonflé, mes lèvres ont bu la vie. Par elle je suis devenu tout ce que je suis, et j’ai pu relever mon front rasséréné.

« Encore sommeillaient au-dedans les intuitions suprêmes. Alors j’ai vu ses ailes d’ange descendre jusqu’à moi et je me suis envolé, réveillé, dans ses bras. »