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Page:Spenlé - Novalis.djvu/400

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NOVALIS DEVANT LA CRITIQUE

pide et vivante. Par lui vous apprendrez ce que peuvent l’enthousiasme et le recueillement dans un cœur pieux et vous reconnaîtrez que, le jour où les philosophes seront religieux et rechercheront Dieu autant que Spinoza, le jour où les artistes auront le cœur pur et aimeront Christ autant que Novalis, alors luira pour les deux mondes l’aurore de la grande résurrection ». — Zacharias Werner se déclare entièrement subjugué par Novalis. « De tous les nouveaux Saints écrivait-il à Varnhagen — je ne reconnais que Saint-Novalis (den heiligen Novalis). » (Poppenberg. — Zacharias Werner, Berlin, 1893, p. 54). — Dans une série de conférences qu’il faisait en 1806 à Dresde sur la littérature et la philosophie nouvelles, Adam Müller, le futur théoricien du romantisme politique, saluait en Novalis le grand restaurateur de l’idéalisme platonicien dans la littérature et dans la science modernes. Chez Novalis, disait-il, se trouve comme impliquée toute la pensé » romantique, cette Encyclopédie nouvelle, dont il ne reste plus qu’à dégager les aspects isolés. « Si jamais homme — concluait-il — fut appelé au ministère sacré de Médiateur dans le monde scientifique de l’Allemagne, en un mot, si jamais homme fut appelé à être le restaurateur du platonisme dans toutes ses manifestations, ce fut bien Novalis. » (Ad. Müller, Vorlesungen über die deutscke Wissenschaft und Litteratur, 1807, p. 73 ss.). — Frédéric Schlegel de même croyait découvrir dans Henri d’Ofterdingen une Bible nouvelle, dont malheureusement nous ne possédons que les premiers feuillets. « Si Novalis avait pu terminer le cycle de romans qu’il projetait d’écrire et où il devait donner un tableau général du monde et de la vie, en se plaçant successivement à tous les points de vue de l’activité morale humaine, nous posséderions une œuvre à laquelle, pour l’éducation des facultés poétiques, rien ne saurait se comparer et qui nous ferait moins sentir le manque, dans notre littérature, de ces dialogues philosophiques, que les Anciens possédaient en si grand nombre. » (Europa, Frankfurt, 1803. I, p. 55).