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Page:Spenlé - Novalis.djvu/447

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LES COURANTS D’OPINION

contrait dans sa personne quelque tendance à l’incohérence mentale, il convient de reconnaître pourtant que M. Maeterlinck l’a très délibérément exagérée.

C’est dans l’ouvrage du critique danois, M. Georg Brandes, qu’on trouverait la politique la plus radicale et la plus tendancieuse du romantisme allemand (Die Hauptstrœmungen der Litteratur des 19ten Jahrhunderts, Jubilæumsausgabe, Leipzig, 1897. II, « Die romantische Schule in Deutschland »). Le but franchement avoué de l’auteur est de combattre la réaction politique et religieuse dans son propre pays, — réaction dont les auteurs romantiques allemands ont été les ancêtres et les promoteurs plus ou moins responsables (op. cit. p. 6). — Assurément la critique du passé, inspirée par les nécessités et les préoccupations de l’heure présente, est, à certaines heures, légitime et même indispensable : elle avait été entreprise à l’endroit du romantisme, en Allemagne même, par les libéraux de 1830. Mais il n’en est par moins à craindre que, sous l’empire persistant de préoccupations exclusivement polémiques, l’image du passé ne se déforme peu à peu. C’est ainsi que M. Brandes identifie dès le début les termes de « romantisme » et de « réaction politique et religieuse ». Cependant il est obligé de reconnaître lui-même au cours de son étude que cette identification ne se justifie en Allemagne que pour une période postérieure au premier romantisme — la période qui a suivi les guerres de l’indépendance — et que, même dans les « Burschenschatften », les aspirations romantiques, libérales et révolutionnaires se trouvaient souvent confondues (op. cit. VI, « Das junge Deutschland », p. 19 ss.). — Malgré cela il se trouve amené à prêter aux premiers romantiques des intentions et des arrière-pensées qu’ils n’ont jamais eues et par suite à défigurer tendancieusement leur pensée véritable. — En Novalis M. Brandes reconnaît un « de Maistre allemand », plus sentimental, moins passionnément logicien, moins équilibré et moins robuste surtout que le grand réactionnaire français. L’his-