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Page:Spenlé - Novalis.djvu/456

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NOVALIS DEVANT LA CRITIQUE

digée primitivement en vers libres. M. Busse a encore précisé ces conjectures. « Les H. à la N. — dit-il — n’ont vu le jour ni en 1797, ni en 1798, ni en 1799, mais à ces trois dates à la fois. Pendant ces années la conception première a peu à peu pris le développement qu’elle a aujourd’hui et la forme poétique s’est calquée sur le contenu. Deux dates sont certaines : en mai 1797 le poète a fixé une première fois sa pensée sous forme d’esquisses et de projets ; à la fin de 1799, ou au commencement de 1800 a eu lieu une rédaction complète et définitive » (Dr. Carl. Busse, Novalis Lyrik, Oppeln, 1898. p. 6). M. Busse montre que non seulement il n’y a aucune unité ni aucun plan prémédité dans le choix des formes métriques, mais que, de plus, la pensée philosophique du poète a sensiblement évolué au cours de la composition de l’œuvre. La « Nuit » n’a plus dans les derniers hymnes le même sens que dans les premiers : le sens devient de plus en plus général, philosophique, symbolique, — ce qui correspond manifestement à une transformation parallèle qui s’était opérée dans l’esprit de l’auteur, à mesure qu’il s’éloignait des évènements qui avaient inspiré la conception première de l’œuvre. En même temps la forme devient de plus en plus classique et châtiée. La dernière rédaction des Hymnes, d’après Busse, se placerait en 1799 ou en 1800. L’idée serait alors venue à Novalis de clore définitivement ce chapitre de son existence, puisqu’aussi bien des projets matrimoniaux et littéraires nouveaux devaient de plus en plus détourner sa pensée vers d’autres objets. « La rédaction définitive peut s’interpréter ainsi : Novalis avait hâte d’en finir ; peut-être voulut-il, en prenant des engagements matrimoniaux nouveaux, liquider son passé ; il rassembla donc toutes ses esquisses fragmentaires, leur donna une forme littéraire, combla les lacunes, inventa des transitions, et intercala dans le texte en prose les parties versifiées qui lui paraissaient réussies » (op. cit. p. 20).

Le problème des H. à la N. fit un grand pas vers la solution lorsqu’en 1901 l’édition des œuvres complètes due aux