Aller au contenu

Page:Spenlé - Novalis.djvu/474

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
86
NOVALIS DEVANT LA CRITIQUE

nissait la « clé » de tout le reste. Il y avait là une véritable supercherie, absolument injustifiable, qui a longtemps égaré la critique et qui n’a été découverte que tardivement par l’auteur de la « Nachlese » (Friedrich von Hardenberg, Eine Nachlese, etc. op. cit. 1te Aufl., 1873, p. 208. — 2te Aufl. 1883, p. 222). Cette découverte causa un véritable soulagement aux biographes protestants de Novalis. Frédéric Schlegel devint désormais le bouc émissaire, chargé de tous les péchés du romantisme. Aussi peut-on distinguer dans la critique protestante, au sujet de l’« Europa », une première période qui précéda la découverte de la supercherie, et une seconde période qui suivit cette découverte.

Pendant la première période l’œuvre fut unanimement mise à l’index. Les uns y voyaient une rêverie informe, les autres un tissu d’inepties et de contradictions, d’autres encore une véritable aberration. Selon la température particulière du zèle religieux de chacun le ton a varié, mais le procédé est le même : jeter le discrédit sur cette œuvre particulière en l’isolant de l’ensemble, en reprenant les arguments de Tieck et en déclarant qu’elle n’avait aucun rapport profond avec l’ensemble de l’œuvre. Même les critiques les plus libéraux l’écartèrent d’un geste dédaigneux. « Tout ce qu’il y a de faux dans l’historisme romantique — écrit M. Dilthey — a été, par cette esquisse rapide de Novalis, introduit pour la première fois dans notre littérature protestante » (Preussische Jahrbücher, op. cit. p. 617). Le même jugement se retrouve à peu près chez M. Haym. — M. Beyschlag, dans l’Introduction aux poésies lyriques de Novalis déjà citée, ne voit dans ce pamphlet qu’un tissu « de conceptions incohérentes et contradictoires ». — M. Baur, auteur d’une courte étude sur « Novalis, poète religieux », croit que celui-ci a écrit son « Europa » uniquement pour faire plaisir à ses amis et entraîné par eux. « Nous avons sous le titre de « Europa oder die Christenheit » une dissertation de la plume du poète, où celui-ci semble faire siennes les idées de ses amis, au sujet des splendeurs de l’église mé-