Aller au contenu

Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
pensées

pas dire qu’il y a cent quatre-vingt-dix mille Italiens moins heureux que les cent quatre-vingt-dix mille Romains ? Mais aussi qu’il y a dix mille Italiens plus heureux que les plus heureux Romains.

D’où il résulterait que parmi nous il y a moins d’heureux, mais que ceux qui le sont le sont davantage, et que pour moi, par exemple, il vaut mieux être né en 1783 à Grenoble, qu’à Rome du temps de Scævola. Examiner cette idée-là. Parmi les Républicains romains ont été les plus vertueux, parmi les Italiens les plus heureux des hommes.

Les Italiens me semblent les seuls qui se soient bien arrangés avec leurs despotes, ils sont convenus d’être lâches pourvu que le despote leur donnât toutes les facilités possibles pour goûter les douces voluptés. Ils s’y sont ensevelis et n’ont plus pensé à rien.

*

h. Dans ce moment-ci une des choses les plus profitables à la nation serait une bonne critique de Montesquieu. Ce grand homme avait une excellente tête, mais une âme assez faible à ce qu’il paraît. Son amour pour le bien et pour la vraie gloire n’était pas très violent, puisqu’il