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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/168

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filosofia nova

a souvent composé avec les tyrans dans son Esprit des Lois, souvent conclu du fait au droit, c’est-à-dire : on a fait cela, je vous le prouve, donc on pouvait le faire. Voilà pour son âme.

Sa tête s’est souvent trompée. D’abord dans ses divisions : vertu, honneur, crainte. Il devait dire amour de soi, principe général, bien dirigé dans les républiques où il se confond avec l’amour de la chose publique, mal dans les monarchies où la passion régnante est la crainte. Voyez Alfieri, Mirabeau.

Il s’est lourdement trompé dans son style.

Insinuer cela dans la filosofia nova. Un des personnages dira (comme une chose reçue dans la bonne compagnie, c’est là la raison de la forme de la filosofia nova) : il y aurait une critique bien vraie à faire (le mot propre est utile. Dois-je l’admettre ? et la vanité ?), mais c’est un rôle odieux. Qui voudra s’en charger ?… etc. En un mot critiquer avec le moins d’odieux possible.

Dans notre état de perfectionnement, les livres mêlés de bien et de mal sont les plus dangereux. Ce n’est pas sans raison que la canaille actuelle de la littérature (Jordot, Geoffroy, Chateaubriand, Michaud, Delille dans ses notes, de Bonald, etc., etc.) loue à tort et à travers Montesquieu.