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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/137

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brochures du colonel Massembach qui forment une langue, parce qu’au lieu de songer à montrer qu’il a bien de l’esprit, il ne songe qu’à expliquer clairement des idées qui l’intéressent vivement.

Je remarque que, dans tout ce que font les Allemands, ils sont beaucoup plus influencés par un vain désir de faire effet que par aucun transport d’imagination ou par la conscience d’une âme extraordinaire. Le goût se détermine tout seul vers le sujet pour lequel on se sent du talent :

Il est des nœuds secrets, il est des sympathies…

Mais ces choses-là ne sont pas à l’usage des Allemands ; leur affaire est de déclamer contre l’esprit, et l’esprit est un despote qu’ils adorent jusqu’à la duperie. Ils écrivent, non pas parce qu’ils sont tourmentés par leurs idées sur un sujet, mais parce qu’ils pensent avoir trouvé un sujet sur lequel, en prenant les peines convenables et faisant les recherches nécessaires, l’on peut parvenir à imaginer quelque chose de brillant : c’est dans ce sens qu’ils lisent et méditent. À la longue, ils parviennent à quelque point de vue étrange et paradoxal ; alors l’œuvre du génie est faite ; il ne s’agit plus que de l’établir avec toute leur artillerie d’éru-