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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/138

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dition et de philosophie transcendante. Mais, dans tout ce travail courageux, ils n’ont pas à se reprocher l’ombre d’une opinion à eux ; si on les voit toujours travaillant comme des forçats, c’est pour arriver à prouver le système qu’ils trouvent brillant. Du reste, aucun sujet ne leur semble au-dessus de leur portée. Moins ils ont à dire, plus ils étalent leur grand magasin de principes logiques et métaphysiques.

Dans le fait, c’est un peuple bon, lourd et lent, qui ne peut être mis en mouvement que par quelque impulsion violente et souvent répétée. Leurs auteurs, par exemple, lorsqu’ils en sont à leur second volume, perdent tout jugement, tout pouvoir sur eux-mêmes, et rien ne peut les empêcher de tomber dans les absurdités les plus outrées. La vérité n’est plus pour eux ce qui est, mais ce qui, d’après leur système, doit être.

Le plaisant, c’est leur philosophie, dans laquelle, dès l’abord, ils proscrivent l’expérience sous le nom d’empirisme. Après ce petit mot, on peut aller loin sans avancer ; je n’avancerai pas, moi, car je sens que je m’ennuie moi-même. Que serait-ce si je rapportais les preuves de détail de tout ceci que je recueille depuis sept ans que j’habite l’Allemagne ?