Aller au contenu

Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

surtout les âmes généreuses. Au premier aspect, l’étranger pourrait les croire haineuses, mais elles ne haïssent que pour excès d’amour. L’avilissement de ce qu’elles adorent leur fait jeter un cri.

10 avril. — Je viens de me promener trois heures aux Cascine avec des gens d’esprit. Je les ai fuis pour ne pas perdre mes idées.

Au quatorzième siècle, plusieurs pays d’Italie, Venise, Florence, Rome, Naples, Milan, le Piémont, parlaient des langues différentes. Le pays qui avait la liberté eut les plus belles idées, c’est tout simple, et sa langue l’emporta. Malheureusement ce vainqueur n’extermina pas ses rivaux. La langue écrite de l’Italie n’est aussi la langue parlée qu’à Florence et à Rome. Partout ailleurs on se sert toujours de l’ancien dialecte du pays, et parler toscan dans la conversation est un ridicule.

Un homme qui écrit une lettre ouvre son dictionnaire, et un mot n’est jamais assez pompeux ni assez fort. De là, la naïveté, la simplicité, les nuances de naturel, sont choses inconnues en italien[1]. Dès qu’un homme a des sentiments de

  1. Excepté les anciens historiens toscans : Istorie Pistolesi, Vie de Castruccio ; Ammirato, Cronica sianese, Cronica pisana ; les trois Villani, Capponi, Buoninsegni, Fiortifioca.