Aller au contenu

Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/58

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le pauvre italien tiraillé par trois impulsions : l’imitation du Dante et du treizième siècle, l’amour de la clarté française, le plaisir que donnent le naturel et la vivacité de la langue indigène ? Il y a au moins (en 1817) vingt patois différents en Italie. À Naples, cela va jusqu’à avoir des dialectes particuliers pour chaque quartier de la ville, tant est grande la sensibilité. Le roi ne parle que napolitain ; je trouve qu’il a raison : pourquoi ne pas être soi-même ?

Aucun Îtalien n’est assez mon ami pour que j’ose le consulter sur les réflexions précédentes : c’est tout ce qu’il y a de plus délicat. J’ai voulu, chez madame ***, à minuit et demi, quand nous n’étions plus que sept à huit, donner une tournure littéraire à la question. J’ai avancé « que, pour arriver à un nouveau Dante, il fallait

    Ils sont convaincus d’avoir distribué les premières copies de l’ouvrage, et vont être punis comme auteurs. Le gouverneur fait alors appeler le pauvre jeune homme, et lui fait sentir adroitement l’infamie dont il se couvre en laissant conduire ses amis en prison. Il n’hésite pas à tout avouer. « J’ai cru, disait-il devant moi, le jour même de l’événement, me jeter en prison pour le reste de ma vie : quelle a été ma surprise de voir Son Excellence me dire : « Monsieur, le gouvernement est moins méchant que vous ne le croyez ; vous aurez la ville pour prison : et je m’en vais moi-même demander votre grâce au conseil aulique. » Deux mois après, le jeune poëte est appelé de nouveau. Il fait ses arrangements, croyant ne plus rentrer chez lui. Il arrive tout pâle chez le gouverneur qui lui dit : « Sa Majesté pardonne à votre jeunesse, et vous invite à faire désormais un meilleur usage de vos talents. »