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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/59

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commencer par semer des Delolme et des Benjamin Constant, que jamais homme n’a été plus lui-même que le Dante, qu’Alfieri n’était pas lui pour la langue, que même pour les idées il était bien moins lui qu’il ne croyait. » J’ai été sifflé en quatuor : quatre personnes sur sept parlaient à la fois pour me terrasser. Après m’être assuré que l’expérience était impossible, je suis bien vite convenu de mon tort.

Ce qu’il y a d’affreux, c’est que ce défaut de la langue rend le comique impossible. Il n’y a pas de tournure affectée qui ne soit naturelle dans quelque coin[1].

  1. Le ton de critique de la Motte, vieilli d’un siècle chez nous, serait à cinquante ans en avant de l’Italie. Les plaisanteries sur les mots âne, bête, et sur les idées d’argent, reviennent sans cesse. Voir les journaux littéraires et les pamphlets de 1816 et 1817. On vient de me faire acheter à Florence Genovesi, Vico, l’Uomo morale de Longano ; les Saggi politici de Mario Pagano, qui mourut pour ses opinions ; le Platone in Italia' de M. Cuoco, la Monarchia costituzionale d’un professeur de Milan. J’aurais été charmé de trouver cela bon.
    Il y a une douzaine de citations latines qui reviennent toujours : Quandoque bonus dormitat Homerus… Quousque tandem, etc., etc. Voici une phrase qu’on a voulu rendre piquante, comme Geoffroy, et qui est toute copiée des tournures d’esprit de la canaille florentine au quatorzième siècle :
    « El roda pure i chiavistelli, che i muccini hanno aperto gli occhi, ei cordovani sono rimasi in Levante, anzi non è piu tempo che Berta filava, e i paperi menavan l’oche abere. »
    Tout cela fait allusion à des idées qui avaient été mises en vogue par les romans du douzième siècle. On voit qu’il y a de l’érudition.